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Le coronavirus est arrivé en Amérique bien plus tard que sur les autres continents et notamment l’Asie et l’Europe. Personnellement je pensais même qu’il n’arriverait pas jusque là. J’ai voyagé au Mexique du 27 octobre 2019 au 27 février 2020, jour où je passe la frontière terrestre avec les États-Unis. Le premier cas de covid 19 apparait alors au Mexique le lendemain, le 28 février. J’ai pour ma part continué mon voyage à Hawaï comme prévu et je m’y suis retrouvée coincée, c’est là où je suis maintenant. J’ai demandé à des amis et blogueurs voyage qui sont résidents ou bien sont restés par choix en Amérique comment se passe le confinement et la crise du coronavirus car certains pays n’ont pas de confinement obligatoire comme le Brésil par exemple.

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La plage de Copacabana déserte à Rio de Janeiro (crédit photo Miroslaw)

Mon ami Miroslaw est d’ailleurs très heureux d’être à Rio de Janeiro  en ce moment. Il m’a autorisé à publier sa superbe photo de drône de la plage de Copacabana. Voici son blog One Man Wolf Pack et sa chaîne Youtube où il publie des superbes vidéos au drône, notamment de superbes vues de la ville de Rio déserte en ce moment.

 

Voici les questions que je leur ai posées:

Présentation : prénom, âge, métier, nationalité, lieu de résidence et lieu de confinement actuel.

Quelles sont les conditions du confinement où vous êtes ?

Avez-vous dû rentrer de voyage ou annuler un voyage ?

Quel est votre métier ? Comment vivez-vous la crise actuelle, comment cela impacte votre vie ?

Comment vivez-vous le confinement ? D’une façon pratique : que faites-vous de vos journées ? et d’une façon psychologique : comment cela vous affecte-t-il moralement ?

Et que pensez-vous du confinement massif en soi ?

Voici leurs témoignages:



VOIR TOUS MES ARTICLES SUR LA CRISE DU CORONAVIRUS ET LE CONFINEMENT

 

Vanessa à Mexico au Mexique

Vanessa a 33 ans, elle est de Montréal au Québec. Elle habite dans la ville de Mexico depuis presque deux ans. Elle est blogueuse voyage sur le site Voyage Mexique et voici son instagram. Elle est confinée chez elle dans la ville de Mexico. Voici son témoignage :

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Au Mexique, les mesures de prévention varient d’un état à l’autre. En ce moment, pour ce qui est de la ville de Mexico, c’est confinement volontaire pour ceux qui ne sont pas obligés d’aller travailler à l’extérieur. Il y a une limitation de la circulation, fermeture des commerces non essentiels, fermeture des écoles, usage obligatoire de masque pour utiliser le transport en commun.

Pour l’instant, le gouvernement de Mexico a annoncé qu’il ne donnera pas de contravention aux gens et qu’il fait confiance au bon vouloir des citoyens…

Certains États ont été plus stricts avec l’interdiction de vente d’alcool pour éviter les fêtes. Le Yucatan, par exemple, a annoncé qu’il imposera maintenant l’utilisation du masque pour sortir, sous peine d’amende.

J’avais un billet vers Montréal pour le 15 mai qui a été officiellement annulé il y a quelques jours. Mais dans la situation actuelle, j’avais déjà décidé de ne pas le prendre. D’abord pour ne pas m’exposer, mais aussi car selon les ordres du gouvernement canadien, j’aurais dû passer 2 semaines en isolement au retour, donc seule et sans pouvoir voir mes proches. Pour un voyage de seulement 3 semaines, c’est absurde. J’avais également peur de sortir du territoire et ne plus pouvoir revenir au Mexique si les frontières fermaient entre temps. Je ne suis pas encore résidente mexicaine, mais j’ai maintenant ma vie ici.

Je suis blogueuse voyage, spécialisée sur le Pérou et le Mexique, deux destinations qui ont fortement marqué ma vie et que j’aime beaucoup. Avec mon travail,  j’ai été parmi les premiers de mon entourage à être affectée par la crise. Forcément, qui voudrait réserver des hôtels et des excursions en ce moment?

Je loue également mon appartement à Lima au Pérou où les frontières ont été fermées le 24 mars. J’ai vu absolument toutes mes réservations annulées pour les prochains mois, l’une après l’autre, en l’espace de quelques jours. J’ai donc rapidement compris l’ampleur de la situation! Je ne peux même pas accepter d’héberger des gens qui sont coincés sur place puisque la dame qui s’occupe du ménage n’a pas le droit de se déplacer.

Je suis passée par toutes les phases possibles, en commençant par le déni, quand on pensait tous que c’était « juste une autre grippe ».

Puis avec l’incertitude, est arrivé un mélange de frustration et de tristesse. J’ai eu l’impression d’assister, impuissante, à la destruction de ma maison par un ouragan, une maison que j’ai construite brique par brique, à la sueur de mon front durant 8 ans. Il faut comprendre que mes blogs me définissent. Ce n’est pas juste un travail, c’est ma vie, c’est qui je suis aujourd’hui. Je sais que c’est sans doute difficile à comprendre, mais ce n’est même pas le côté économique qui m’attristait, mais vraiment d’imaginer que ces blogs conçus pour aider les voyageurs n’aient finalement plus aucune raison d’être dans un monde sans tourisme.

Mais j’habite en Amérique latine depuis assez longtemps pour comprendre que de pouvoir rester chez soi et ne pas s’exposer est un immense privilège. Ici, la majorité des gens sont en situation permanente de survie et n’ont pas le choix de sortir pour travailler. Alors quand je soupire parce que j’en ai assez d’être coincée entre quatre murs, je me rappelle qu’on n’a pas le droit de se plaindre avec le frigo rempli.

Concrètement, au jour le jour, je continue de travailler sur ce qui me passionne, les destinations du Pérou et du Mexique, en attendant des jours meilleurs. Je suis habituée à travailler à la maison depuis très longtemps donc je ne souffre pas de la distanciation sociale comme ceux qui vont normalement au bureau. J’habite aussi à des milliers de kilomètres de ma famille depuis des années, donc la distance est une réalité avec laquelle je vis de toute façon. D’autant plus que je suis très bien accompagnée à la maison, avec ma copine et mon chien.

Il est vrai que je dors moins bien, mais ça me permet de me réveiller encore plus tôt pour travailler dans le calme, accompagnée uniquement du chant des oiseaux. C’est un luxe à Mexico où les rues sont toujours animées par des musiciens, des vendeurs, des klaxons.

Et puis j’ai acheté des bandes dessinées, ce que je ne faisais pas depuis des années! Je me pose dans le mini balcon rempli de plantes pour lire, et je reçois même la visite de colibris de temps en temps qui me rappellent à quel point la vie est belle.

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Vanessa à Tecolote, Baja California, Mexique

Le confinement massif en soi, c’est un débat complexe et délicat. D’un côté, dans une ville comme Mexico, qui est plus peuplée que New York,  je crois que c’est la seule façon de vraiment limiter les dégâts. Il n’y a qu’à voir des photos du métro de Mexico pour comprendre l’importante densité de population. Avec 4,6 millions de d’usagers par jour, c’est simplement impossible de demander de respecter la distance de 1.5m-2m.

D’un autre côté, au Mexique (et en Amérique latine en général) plus de 50% des gens actifs travaillent de façon informelle. Ce sont des gens qui n’ont aucune économie et n’ont pas le choix de sortir de chez eux pour travailler s’ils veulent manger.

La crise n’est pas la même pour tous. J’aimerais tant que les gens qui se plaignent de choses futiles comme l’impossibilité d’aller au parc ou se faire couper les cheveux puissent relativiser et qu’ils comprennent la chance qu’ils ont. Heureusement, je crois tout de même que la situation a aussi poussé beaucoup de gens à la réflexion.

Cette pause obligatoire est l’occasion de revoir nos priorités autant en tant qu’individus que collectivement. Espérons qu’on en tirera de bonnes conclusions.

 

Sarah à Montréal rentrée de Cuba d’urgence

Sarah est Française et cela fait un peu plus de 3 ans qu’elle installée à Montréal. Elle est consultante SEO et blogueuse voyage sur Carnets Vanille. Voici son témoignage:

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La vie est plutôt agréable ici à Montréal et les gens sont sympas. Comme un peu partout dans le monde, l’arrivée du COVID-19 a complètement chamboulé nos vies.

Le 12 mars dernier, les États-Unis viennent d’annoncer la fermeture de leurs frontières. Le lendemain, mon conjoint et moi devons partir pour Cuba. 10 jours de vacances que nous planifions depuis un an… Nous hésitons longuement avant de partir, ne serait-il pas plus raisonnable de reporter notre séjour ? Nous décidons finalement de nous rendre à l’aéroport et consulter la compagnie aérienne. Le jour du départ, Air Transat nous affirme que tout va bien et que nous n’avons aucune raison de reporter notre voyage, nous décidons alors de partir.

Nous arrivons à profiter pendant 3 jours de Cuba, jusqu’au lundi 16 mars. Ce jour-là, Justin Trudeau annonce que les frontières du Canada fermeront le lendemain à minuit à toutes les personnes qui ne sont ni citoyenne, ni résidente permanente. Malheureusement pour moi, je ne suis que résidente temporaire. Mon conjoint, au contraire, est résident permanent. Est-ce que notre statut de conjoint de fait suffira à nous laisser rentrer chez nous ? Nous n’en sommes pas sûrs. Une course contre la montre commence alors.

Nous nous rendons en urgence à La Havane, où nous ne trouvons aucun vol pour le Canada. L’ambassade du Canada nous renvoie vers Air Canada, l’ambassade de France est fermée. Les heures passent et nous n’arrivons pas à trouver de solutions. Finalement, nous arrivons à trouver un vol le lendemain au départ de Varadero avec une escale à Toronto. Après des heures de stress, nous arrivons finalement à passer la frontière du Canada et rentrer chez nous.

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Ça fait maintenant un mois que nous sommes confinés chez nous. Ici, pas besoin d’attestation pour sortir de chez nous, mais les rassemblements sont interdits et tous les commerces sont fermés. En cas de non-respect, une amende de 1500 $ est donnée. Un prix extravagant, mais qui a le mérite de dissuader les gens.

Nous avons la chance de pouvoir télétravailler. Les journées se suivent et se ressemblent, mais au moins, nous sommes occupés dans la journée ! Ce n’est pas facile d’être enfermés 24h/24 chez soi, mais nous le faisons sans nous plaindre si ça permet d’aider à endiguer la propagation du virus.

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Tout ce qu’on espère, c’est pouvoir profiter de l’été autant que possible. D’ici là, on se protège en restant à la maison, il y a pire, non ?



 

François à Natal au Brésil

François a 28 ans, il est Français nomade. Il est agent commercial. Je l’ai rencontré à bord d’une croisière transatlantique. Il a un blog voyage: Exploratrip et voici son instagram: @fph42. Il est actuellement à Natal au Brésil :

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François à Bacalar au Mexique

Il n’y a pas vraiment de règles de confinement ici. Par contre depuis mi Mars, la plupart des magasins qui ne sont pas de première nécessité sont fermés. Dans les magasins d’alimentaire, ça a l’air d être comme en Europe: on fait la queue pour rentrer. Dans certains, on ne peut être qu’une personne par famille. On vous met du gel sur les mains avant d’entrer. La dernière fois, ils nous ont mis une sorte de scanner sur la tempe avant de nous laisser rentrer qui devait être un ustensile pour mesurer la température. Donc il y a quand même des mesures même si le président est contre le confinement ici.

Il y a des gens qui ont l’air de faire attention et d’autres non. Mais il y a clairement beaucoup moins de personnes dans la rue. Il y a pas mal de gens qui comprennent qu’il ne vaut mieux pas attraper le virus dans ce pays donc ils se confinent d’eux même, tout comme moi.

Je suis arrivé au Brésil pile le jour où tout a commencé à être problématique au niveau mondial. En partance des îles Canaries beaucoup de vols étaient annulés mais pas pour le Brésil, et je suis arrivé à Salvador de Bahia sans aucun problème ni contrôle (pas de prise de température comme on pouvait voir dans pas mal de cas de personnes contrôlées en arrivant d’Europe dans les autres pays d’Amérique Latine)

Je suis intermédiaire entre des clients en France et des fournisseurs à l’étranger. Je les mets en relation et je fais du suivi de commande.  La crise, je la vis pas si mal que ça. Oui, j’ai quasiment plus de travail pour le moment car les usines ont fermés et les clients sont en chômage partiel. À part la quantité de travail ça ne change pas vraiment car j’ai l’habitude de travailler presque d’où je veux un grand nombre de mois de l’année et sur mon téléphone. J’ai juste plus de temps pour moi même.

Comme je ne suis pas vraiment confiné et que je sors des fois pour faire du sport dans un endroit ou je ne croise jamais personne et qu’en plus de ça je ne vis pas seul, tout va bien. Ici à Natal, ce n’est pas comme à Rio ou Sao Paulo ou il y a énormément de cas, ici c’est juste le début d’après ce que l’on sait. On essaye de faire super attention surtout quand on va faire les courses, ce qui est le plus risqué car c’est le seul moment où on est très près de plein de gens. On désinfecte tout quand on revient à la maison donc on a l’impression d’être un peu parano mais à part ça on ne stresse pas trop.

On a quand même de l’inquiétude sur le futur proche du pays et tous ces gens qui vivent au jour le jour, qui vendent de la nourriture dans la rue et tout. Les risques sont immenses pour eux mais en même temps normal, s’ils ne vendent pas ils ne mangent pas. On verra ce que ça va donner mais j’espère que le gouvernement prendra des mesures pour éviter les contaminations et l’augmentation de la criminalité à cause de la nécessité.

J’ai l’impression de passer trop de temps sur internet. Regarder des séries, des infos et toutes sortes de choses sur les réseaux sociaux. Je me sens un peu fainéant et même si c’est relaxant je ne pense pas que c’est très bon. Si cela continue, j’espère pouvoir faire des choses plus créatives et m’occuper autrement. J’ai commencé à planter quelques aromates et plantes en pot, je me lance des challenges sportifs en m’inspirant sur youtube. Je me suis mis à faire du yoga et je fais différentes sortes de méditations avec un intérêt pour l’hypnose. En étant créatif il y a tellement de choses à faire qu’on ne peut pas s’ennuyer.

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Du côté psychologique, franchement pour l’instant tout va bien juste comme expliqué précédemment le fait de sentir un manque de créativité mais je travaille pour devenir plus actif et gérer ce temps libre d’une meilleure manière en me fixant des objectifs journaliers et d’autres sur un plus long terme. Je pense qu’en raisonnant de cette manière, on oublie les points négatifs et de ce fait, on est bien mentalement et ca permet de garder le sourire et la positivité malgré cette crise.

Le confinement massif en soi, c’est compliqué, c’est une bonne solution oui, mais après il faut que les gouvernements puissent gérer financièrement pour les personnes qui ne peuvent pas se permettre de rester confinés, particulièrement dans un pays comme le Brésil. De plus, j’ai appris que le président Bolsonaro reste sur son idée que cette pandémie n’existe pas et a viré le ministre de la santé car il était en faveur du confinement. Aux vues du personnage, on est loin de voir des aides pour les gens qui ne peuvent pas se permettre de rester confinés. Les plus pauvres vont donc subir les conséquences en premier malheureusement.

L’idée d’investir dans la recherche d’un traitement de prévention et de guérison efficace en réduisant toutes les dépenses possibles moins utiles serait intéressant en parallèle du confinement. En résumé je suis pour la maintenance du confinement au niveau mondial mais il faut que les gouvernements gèrent mieux leur budget en réduisant les dépenses aux bons endroits pour dépenser plus intelligemment ailleurs. Après, est ce que nous sommes bien informés ? Les médias nous racontent ce qu’ils veulent donc mon avis n’est pas définitif.

 

Florence au Pérou

Florence a 35 ans, elle est Française, elle est entrepreneur nomade et tient le blog de voyage : Voyages infinis et voici son compte Instragram : @voyagesinfinis. Elle est actuellement confinée au Pérou à Arequipa. Voici son témoignage :

Digital nomad en voyage

Je parcours le monde tout en travaillant avec Internet. J’alterne entre des périodes de voyages axées découvertes, et des séjours de moyenne durée où je loue un studio un ou deux mois au même endroit.

Je suis actuellement confinée à Arequipa, au Pérou. J’avais séjourné au Mexique les mois précédents, et jusqu’alors j’entendais très peu parler du coronavirus. J’avais su qu’il y avait de nombreux cas en Chine, en Italie aussi, et on venait de m’apprendre qu’il y avait eu quelques décès dans la région où je vis quand je rentre en France entre deux voyages. Donc je suivais de loin, mais sans plus. Je suis arrivée au Pérou le 11 mars, quelques jours après que les premiers cas aient été confirmés dans le pays, et quelques jours avant que le confinement ne soit décidé par le gouvernement.

A l’annonce de la quarantaine, j’étais dans une auberge de jeunesse dans le centre-ville d’Arequipa, où j’étais normalement censée rester juste une nuit. Par chance, j’ai pu rejoindre alors un Airbnb un peu à l’écart de la ville, et au cadre bien plus agréable. Du coup je suis dans un grand appartement, avec mon hôte et son beau Labrador, ainsi qu’un couple de suisses allemands coincés là eux aussi. La cohabitation se passe bien.

Les consignes sont petit à petit devenues plus strictes. Aujourd’hui, nous devons sortir le moins souvent possible, une personne à la fois, à pied, en portant un masque et uniquement pour des achats essentiels. Il y a un couvre-feu la nuit et il y a certains jours où aucune sortie n’est autorisée. Ce n’est pas toujours respecté, malgré les nombreux contrôles de police.

Lorsque j’ai appris la mise en place du confinement, on m’a dit qu’il allait y avoir des vols de rapatriement et qu’il était recommandé de rentrer au plus vite. Comme beaucoup, je me suis donc posée la question : fallait-il rentrer ?

Sauf qu’au final, je n’ai pas vraiment eu le choix, parce qu’apparemment c’était la compagnie Air France qui était censée nous contacter pour nous proposer des places et que je ne l’ai jamais été… quoiqu’il en soit c’était compliqué de rejoindre Lima, et ça allait l’être encore plus pour rejoindre ma ville de province depuis l’aéroport de Paris, alors qu’il n’y a plus de transport. Sans compter que j’avais lu que les billets d’avion étaient hors de prix. Autant de facteurs qui ont fait que cela m’a paru tout aussi sage de patienter ici.

Normalement je devais rentrer en France un mois avant de repartir pour la Namibie via l’Afrique du Sud. J’ai dû annuler une semaine en Bretagne que j’avais réservée sur cette période, à l’occasion d’un séminaire professionnel, mais le plus embêtant, c’est que bien sûr mon voyage en Namibie ne sera pas possible. Je suis en train d’essayer de le reporter, mais il est difficile de joindre les différents hébergements et je ne parle pas de la compagnie aérienne. En plus je ne sais même pas si septembre/octobre serait suffisant ou encore trop tôt. Serai-je même déjà simplement rentrée du Pérou ?

J’ai la chance de pouvoir continuer de travailler pendant le confinement, grâce à Internet : l’un des avantages d’être digital nomad.

Mon activité principale est la vente de formations en ligne, plus précisément j’accompagne les personnes qui veulent comme moi devenir digital nomad. Par ailleurs je suis rémunérée pour promouvoir une société de voyages, une opportunité en or pour tous ceux qui veulent débuter de manière simple sur Internet. Malgré la thématique, ce n’est pas trop problématique à ce jour car beaucoup pensent à l’après et au boom qu’il va y avoir dans le secteur du voyage, lorsque les déplacements seront de nouveau possibles. Le confinement est également pour certains l’occasion de se remettre en question, d’envisager un changement de vie pour un avenir meilleur… par exemple en devenant digital nomad.

En revanche, j’ai en France un appartement que j’ai mis en location touristique, et là je suis très impactée puisque depuis mars, toutes les réservations jusqu’à juin ont été annulées. En espérant que les locations des mois suivants puissent être maintenues.

Sinon ma plus grosse crainte, c’est le maintien dans la durée de la fermeture des frontières. Mais pas seulement pour mes activités professionnelles. D’une part pour pouvoir rentrer, et d’autre part et surtout pour pouvoir continuer de voyager. Car je n’imagine plus une vie sans voyage !

Il paraît évident que dans un premier temps, ce sera le voyage national qui sera privilégié et peut-être le seul possible.

Quant à l’année prochaine, impossible à dire pour l’instant ! J’ai envie d’espérer qu’on pourra voyager comme avant ou presque, mais plus le temps passe et plus je me rends compte que ce n’est pas gagné ! Tant qu’il n’y a pas de vaccin, déconfinement et déplacements risquent de rimer avec nouvelle vague… Impossible de savoir… et impossible de planifier.

Un autre avantage d’être digital nomad dans cette situation, c’est de pouvoir choisir son hébergement. Cet Airbnb me permet d’avoir une superbe vue sur les trois volcans, je me sens donc moins enfermée. J’ai la chance aussi de pouvoir profiter du soleil depuis le petit jardin, ce qui pour moi est un élément indispensable pour garder le moral. Je ne suis pas la plus mal lotie !

Digital nomad confinée à Arequipa

Sinon j’essaie de rester positive, c’est essentiel je pense pour supporter le confinement. Je me dis que tout finira par s’arranger, et j’en profite pour avancer sur mes projets. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer car j’ai plein de choses à faire. Je fais juste en sorte de m’accorder suffisamment de pauses, au soleil notamment, pour m’aérer l’esprit, ne pas « exploser », et pour ne pas passer trop de temps sur l’ordinateur (pour des raisons de santé).

Tous les 10-15 jours environ, je fais une marche de 10km aller-retour pour aller au supermarché. J’en profite pour y aller en longeant la rivière au lieu de passer par la route. C’est plus agréable ainsi. Seul le retour est difficile avec le transport des courses, car j’essaie de faire suffisamment de provisions de façon à ne pas sortir trop souvent.

Donc au quotidien, mis à part que ça me manque de ne pas pouvoir ni randonner ni explorer, et que j’ai l’impression de m’encroûter, ça va. Je n’ai pas à me plaindre. Mais ce que je trouve difficile, c’est l’incertitude. Ne rien pouvoir planifier, que ce soit à court ou long terme… Je ne sais même pas combien de temps je vais devoir rester au Pérou. Et que se passera-t-il à la fin du confinement ? Les activités ne réouvriront pas toutes. Qu’en sera-t-il des bus, des sites et parcs nationaux ? Pourrai-je au moins continuer mon circuit ? Car rester bloquée au Pérou si je peux profiter du pays c’est une chose, mais si je ne peux rien faire c’en est une autre…

Et les chiffres ne sont pas rassurants. Le pays ayant agi très rapidement après la confirmation des premiers cas, je m’attendais à ce que la situation s’améliore vite. Mais… si au bout de trois semaines de quarantaine on était à 500 cas, 5 jours après on était à 1000 cas. Quelques jours de plus et on dépassait les 10000 ! Et à l’heure où j’écris ces lignes, il y a 1500 cas de plus chaque jour. Est-ce que les chiffres étaient faussés au début ? Moins de tests effectués peut-être ? Ce qui est sûr c’est que le Pérou n’a pas les moyens sanitaires de faire face à une crise de grande ampleur.

Le confinement massif en soi ? C’est une question très difficile. Dans certains pays, le confinement est presque une mise à mort : en voulant protéger la population du virus, on la conduit à la famine. Dans d’autres, la situation est moins dramatique mais il est clair que l’impact économique et financier sera énorme.

Mais si vraiment cela sauve des vies ? J’ai lu que le confinement permet de gagner du temps, en attendant que le virus mute dans une forme moins virulente et moins contagieuse. C’est une situation inédite donc personne ne peut vraiment être sûr de ce qui est le mieux.

On ne peut pas nier par contre que certains pays gèrent mieux la crise que d’autres : l’exemple de la Corée du Sud montre qu’une utilisation massive des tests de dépistage peut permettre de ne pas confiner toute une population. Celui de l’Allemagne montre que cela peut permettre d’avoir moins de décès et de lever le confinement plus rapidement que les autres.

Le problème pour les autres pays est la disponibilité de ces tests ! Que faire alors quand on ne peut pas appliquer cette stratégie ? Il n’y a pas vraiment de solution  miracle et il s’agit là de décisions très difficiles à prendre…

Conclusion : Patience et positivisme. Je ne veux pas chercher à critiquer les mesures prises. Il est vraisemblable que certaines choses auraient pu (dû) être faites en amont mais pour l’heure, nous ne pouvons que subir. Et patienter. Alors autant faire en sorte que le quotidien se passe au mieux ! Rester positif est l’une des clés.

Dans une telle situation, j’apprécie encore plus ma liberté de digital nomad. Beaucoup ne pourraient pas se permettre de rester coincés ainsi dans un pays. Pour ma part, à partir du moment où mon voyage en Namibie n’a pas lieu en mai/juin, je n’ai pas de contrainte majeure. Alors patience, un jour la vie reprendra son cours !



 

Fleur en Colombie

Fleur a 28 ans, elle est Française et vit en Bretagne depuis plus de deux ans. Voici son instagram : @hippomorphose. Elle est actuellement confinée en Colombie. Voici son témoignage :

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Pour mes 28 ans je me suis offert mon premier périple de l’autre côté de l’Atlantique. C’est en Colombie que je trimballe mon sac à dos depuis novembre 2019. Je suis actuellement en quarantaine près du village de San Martin dans le département du César, une région peu touristique d’après moi, vu l’étonnement des Colombiens qui croisent une French par ici!

Mes conditions de confinement sont plutôt cool en vérité: je campe, enfin plutôt nous campons sur le terrain d’un ami qui possède une grande Finca. Une horde de jeunes manguiers sont implantés ici, la cohabitation est agréable, nous avons plus ou moins l’espace d’un terrain de foot pour nous défouler.

Nous sommes 5 à vivre là, 4 argentins et moi même. Ils voyagent en vélo depuis l’Argentine; je me suis lancée dans l’aventure et pédale depuis début mars. Étant donné notre vagabondage nous n’avions aucun logement à disposition ni le pécule nécessaire pour une location. Heureusement le voyage offre de belles rencontres et c’est grâce à cela que Arthuro, propriétaire du lieu, nous prête son terrain de jeux !

Je n’avais pas prévu de rentrer avant mai pour travailler. J’avais déjà repoussé mon visa de 3 mois mais vu les circonstances actuelles je vais rester un moment en Colombie voir en Amérique Latine.

Le confinement en France est repoussé jusqu’au 11 mai pour le moment, les cas du covid, eux, continuent de progresser dans le pays. Je suis saisonnière, c’est à dire que je trouve des boulots dans le tourisme suivant les offres et où je pose mes valises. La crise actuelle m’empêche clairement de reprendre un emploi: les restaurants et autres lieux de retrouvailles sont fermés jusqu’à la fin de l’été ! C’est aussi pour cette raison que j’ai décidé de rester en Colombie, il me sera difficile de trouver un travail en France. Et puis être enfermée entre 4 murs ne me vend pas de rêve non plus.

J’avoue que je vis assez bien le confinement! Passer ses journées au grand air n’a pas de prix. Une journée type ? Levé 5h30, quand les oiseaux entament leur chorale. Quand la motivation est là, petite excursion à vélo pour débusquer les mangues (cette région déborde de manguiers c’est hallucinant) Puis petit dej’ au feu de bois: café et chapatis. Ensuite, suivant l’humeur, beaucoup à faire (ou non). Cuisiner, faire du macramé, des bolasses, jongler, lire, écrire, jouer à la baballe type foot ou volley, glander dans le hamac, observer la nature, se laver dans le lac, pêcher, manger, manger, manger…

D’ailleurs en parlant de la nourriture, avec le confinement c’est tout un concept ! Déjà il faut que je parle de nos voisins, ils sont adorables ! A notre arrivée ils étaient méfiants mais nous les avons rencontrés lors de notre aumône pour l’eau (nous n’avons pas d’eau potable à disposition) et aujourd’hui il arrive très souvent que l’un d’entre eux passe nous voir et dépose un sac de denrées alimentaires. En effet le voisinage nous aide beaucoup, pour l’eau, la nourriture, l’électricité et les visites occasionnelles !

Pour le reste, nous allons au village de San Martin, il est autorisé de rentrer dans les magasins suivant le numéro de ta carte d’identité. Soit 4 heures deux fois par semaines. En vérité la quarantaine ici est vraiment agréable. Certes cela a changé tous nos plans (le Panama pour certains, Venezuela pour d’autres) mais nous sommes très bien entourés! Que ce soit d’humains ou d’animaux en tout genre.

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Il y a une véritable entraide entre voisins, c’est comme une grande famille et c’est assez fou comme ils peuvent avoir le cœur sur la main ! Pour la petite anecdote j’ai été hospitalisée mi-avril à plus de 300km de notre lieu de villégiature pour une opération. Avec les mesures de quarantaine, impossible de trouver un transport pour rentrer, c’est le maire du village qui a envoyé une ambulance pour nous rapatrier..!

Les nouvelles concernant le covid nous viennent de l’extérieur. Ici à la Finca si on ne sort pas, très vite on en oublie la crise mondiale. Piqûre de rappel une fois arrivés au pueblo, avec l’air de nettoyage à l’entrée et les habitants masqués.

Que penser du confinement massif… Chaque pays n’est pas égal face à cette mesure c’est clair. De mon point de vue limité au confinement de cette région, les Colombiens ne peuvent pas rester en quarantaine bien longtemps, ils doivent travailler pour subvenir à leurs besoins et le gouvernement ne les aide pas à surmonter la crise. Ici les rues sont animées, le gens sortent quand même, nous voyons passer motos et voitures sur le chemin de campagne.

Pour l’heure le confinement semble être programmé jusqu’au 11 mai, ce qui est assez prématuré étant donné la propagation du virus. M’enfin c’est encore et toujours une histoire d’économie. En attendant, les pays frontaliers sont tous fermés, impossible de transiter, de fait nous allons sûrement rester ici après le déconfinement pour voir un peu la suite des évènements.

 

Isabelle en Équateur

Isabelle a 38 ans, elle est Française, résidente à Lille en temps normal. Elle est maintenant confinée en Équateur. Voici son blog voyage : Un tour dans le monde. Voici son témoignage :

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Je suis depuis plus d’un mois en confinement en couple en Équateur, dans la petite ville de Canoa. On a eu le nez creu, quelques heures avant la décision de la suspension des transports entre les provinces, juste avant le confinement on a quitté la grise capitale Quito pour se diriger vers le soleil de l’océan Pacifique. Tout est allé très vite, en 36h on est passé de  » y’a 3 cas dans le pays, on gère » à « panique à bord, restez tous chez vous! » On a trouvé un hôtel pas cher comme on les prend d’habitude, et ça tombait bien au cas où on devrait rester plus longtemps que prévu… et en effet nous sommes à présent partis pour rester 2 mois.

Après la méfiance du début, maintenant les locaux sont plutôt bien contents qu’on soit là et qu’on dépense nos sous chez eux. Eux n’ont pas d’économies pour voir venir, ils travaillent au jour le jour. Et comme ils ne travaillent plus, ils ne gagnent plus. Alors en plus de dispatcher nos courses pour financer un peu toutes les tiendas et les pêcheurs, on aide aussi nos voisins, ceux qui n’ont plus de quoi se payer de l’eau, le sdf d’en face, ceux qu’on peut aider.

Du coup on peut dire que les conditions sont bonnes malgré tout, on est en sécurité autant sanitaire que physique. Même si on ne sort que le moins possible de l’enceinte de l’hôtel, même si on n’a pas accès à la plage, à l’océan, aux sentiers tout proches, même si on est devenus totalement dépendant d’une politique qui nous dépasse: ça va. Les transports étant interdits et nous paraissant trop « à risques » nous sommes restés sur place pour respecter au mieux les directives.

Le fait que la France soit bloquée  et que nous n’y ayons plus de logement, (hé oui nous étions partis pour 18-24 mois) et qu’on ne trouverait pas d’agence immobilière ni de concessionnaire pour acheter un camion et s’y confiner à grandement participé à notre décision de rester sur place.

Pour la suite du voyage, nous sommes bien conscients qu’il va falloir s’adapter: et qu’à priori il s’agira très certainement d’annuler et de rentrer. Dès qu’on pourra organiser un retour, et que je pourrai reprendre le boulot. Je suis infirmière, techniquement je devrais trouver vite, mais partant à l’étranger mon diplôme a été suspendu (puisque je n’ai pas le droit d’exercer en « vacances ») et les administrations sont un ‘petit poil’ débordées pour s’occuper de mes démarches pour l’instant. C’est ballot.

Alors en attendant, je ne peux que me tenir au courant de loin, suivre les copines qui partent bosser dans des conditions déplorables, établir des plans B, C, D et W… sous réserve que quelque chose bouge, autant dans les décisions politiques, sanitaires et aussi de ce que je pense éthique et raisonnable de faire pour la suite.

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Le confinement c’est chiant. Pour tout le monde. Plus pour certains qui y meurent de faim ou de maladie que pour d’autres certes. Mais c’est nul pour tout le monde. Qu’on soit chez soi ou à la mer. Qu’on soit accompagné de ses proches ou loin de tous. Qu’on ait des réserves de conserves ou qu’on mange des plantains tous les jours.

Le confinement massif est forcément un problème pour beaucoup de ceux qui vivent au jour le jour, c’est à dire la majorité de la population. Et l’après, avec ses risques sociaux politiques et financiers aussi sera un défi qui paraît impossible à surmonter pour l’instant.

La fin de l’épidémie paraît encore floue et incertaine tant on ne sait rien et tant on ne peut rien planifier. Alors comme tout le monde, on sert les dents, on se sert les coudes avec ceux qu’on peut aider, on sourit pour passer le temps et les coups de blues, et on attend.

Bon courage à tous et bonne attente à tous!



 

Ikram et Ismael à Montevideo en Uruguay

Ikram et Ismael ont 28 ans, ils sont un couple français d’origine marocaine. Ils résident à Paris. Ils ont un polarsteps du voyage : compte ‘Ikram et Ismaël’, et un compte Instagram @thelatinbreak. Ils sont confinés actuellement à Montevideo en Uruguay depuis plus d’un mois. Voici leur témoignage :

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Ikram et Ismael à Torres del Paine au Chili

Nous louons un appartement trouvé initialement sur airbnb, c’est le 2eme étage d’une maison que nous partageons avec notre hôte, une dame de 63 ans. Nous logeons dans de bonnes conditions, confortables, et avons une bonne relation avec notre hôte. Nous sommes tous les 2 ingénieurs, je travaillais en tant qu’acheteuse dans l’industrie sucrière et mon mari en tant que consultant dans le secteur financier.

Il y’a 5 mois, nous avons entamé un voyage d’un an en Amérique latine, nous sommes entrés en Uruguay 3 jours avant la fermeture des frontières. Nous avons choisi de ne pas rentrer en France jugeant la situation ici plus tranquille. Du coup, cette crise ralentit notre voyage. Nous sommes là, en attendant que tout redevienne comme avant.

Nous nous considérons chanceux malgré tout. Ici en Uruguay, il n y’a pas de confinement, du coup on peut quand même sortir sans justificatif. Tout ceci bouleverse les plans de départ, mais on ne le vit pas trop mal.

D’une manière pratique, on s’occupe comme on peut. On fait le marché deux fois par semaine, on cuisine, on fait du sport et du yoga, on parle beaucoup à notre famille et à nos amis en Facetime. On a un RDV hebdomadaire avec notre hôte où chacun de nous cuisine à son tour. On lit, on écrit. Voilà globalement.

Moralement, je dirais que ça va, on essaye de relativiser, on se dit qu’on a de la chance d’être ´coincé’ à Montevideo. La situation est mieux que n’importe où ailleurs je pense. On essaye aussi de profiter de ce temps libre pour réfléchir, pour passer du temps ensemble et pour rêver. Je pense que le plus dur pendant ce confinement c’est d’être seul, ce qui n’est pas notre cas, donc ça va.

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Ikram et Ismael à Montevideo en Uruguay

Le confinement massif en soi, je n’ai pas d’avis tranché sur le sujet. C’est un choix politique que je respecte, et il est trop tôt pour dire si cela était une bonne ou une mauvaise décision. Je pense surtout que malgré les difficultés, les gens devraient profiter de ce temps pour faire des choses qui leur plaisent et réfléchir sur leur vie, leur futur.

Je pense également qu’au niveau écologique, cette pause imposée est une bénédiction pour la nature. On le voit dans plusieurs pays, la faune et la flore reprennent leur droit, et c’est beau à voir.

 

Aurélie en Argentine

Aurélie a 34 ans, elle est Belge, résidente en France. Elle est actuellement confinée à Barreal dans la Province de San Juan en Argentine. Voici son témoignage :

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Aurélie en Argentine

On est en confinement total. Interdiction de sortir et de travailler,  sauf pour faire des courses,  aller à la pharmacie ou chez le médecin. Mais depuis deux semaines,  ils l’ont un peu allégé et certain corps de métier ont pu se remettre à travailler,  en respectant les distances de sécurité.

Je suis au début d’un tour du monde de 2 ans en slow travel.  J’étais en workaway quand c’est arrivé.  J’ai décidé de rester. Je suis monitrice d’équitation.  Donc la crise ne m’impacte pas trop, mis à part pour mon voyage,  puisque je suis en stand by et que je ne sais pas quand je pourrai redémarrer… Mais mes anciennes collègues en France sont toutes au chômage.

Alors,  j’ai beaucoup de chance, car je suis sur une grande propriété de 12 hectares avec 11 chevaux à m’occuper et à monter (c’est mon job workaway). Donc je bouge, je suis dehors et je ne m’ennuie pas. En plus, il fait toujours beau ici. De plus,  le propriétaire est content que je sois restée car il a besoin de quelqu’un pour s’occuper des chevaux.  Et pour moi c’est pratique,  parce que je ne dépense pas un franc.

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Le confinement massif en soi ? Je pense que c’est une absurdité. Les conséquences économiques de ce confinement risquent d’être bien plus dramatiques pour des millions de personnes que la crise sanitaire elle-même,  surtout dans les pays moins riches, comme ici en Amérique latine.  Et si on regarde les violences conjugales,  les faillites et autres conséquences latérales… La crise va durer longtemps,  et elle ne sera plus sanitaire.

 

Morgane à Cordoba en Argentine

Morgane a 38 ans, elle est Française, résidente en France mais sur les routes de l’Amérique Latine depuis septembre 2017 avec son copain Gilles qui a 39 ans. Ils ont une page facebook : Mate y Guacamole. Ils sont actuellement confinés à Cordoba, la deuxième plus grande ville d’Argentine. Voici son témoignage :

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Nous avons atterri à Los Angeles, traversé le Mexique en stop, l’Amérique Centrale en bus et acheté en août 2018, un 4×4 que nous avons aménagé pour continuer le voyage. Nous avons tout quitté en France. Nous n’avons plus d’appartement ni de job. Nous étions avocats. Nous ne le sommes plus depuis le début de notre voyage et à priori nous ne le serons plus en rentrant.

Je suis confinée avec mon copain, Gilles (toujours le même, je n’ai pas changé) depuis le 20 mars 2020 dans une maison de ville que nous avons loué via airbnb quelques jours avant le confinement (on sentait bien que ça allait arriver très vite en Argentine). Nous avons une cour extérieure et également un petit jardin sur le devant de la maison. Il était hors de question de passer le confinement dans notre véhicule. Nous sommes heureux de retrouver tout le confort occidental moderne.

La date de fin de confinement a déjà été repoussée une première fois. Les frontières et les parcs nationaux ont fermées une semaine environ avant le début du confinement. Il s’agit d’un confinement plus strict qu’en France : sortie nourriture et médicale, seulement.

Nous avons fait le choix de rester. Déjà, parce que il était compliqué pour nous de laisser notre véhicule ici. De plus, nous n’avons plus rien en Europe (à part la famille et les amis) mais pas de logement ni de job. Si nous rentrions, nous aurions dû aller vivre chez mes parents et donc potentiellement les contaminer après un long voyage alors que ce sont des personnes à risque. Enfin, nous n’avons aucune limite de temps. Nous sommes très bien installés en Argentine. C’est un pays que nous adorons et dans lequel nous nous sentons bien et en sécurité. De plus, le coût de la vie ici, nous permet de tenir largement notre budget ce qui ne serait pas le cas en France (sans travailler à nouveau)

Je précise que l’ambassade de France en Argentine a fait un super boulot : mise en place de bus gratuits depuis les principales villes argentines pour rejoindre Buenos Aires, négociation de vols à prix raisonnables avec Air France. Si nous avions voulu, nous aurions eu la possibilité de rentrer mais ce n’était pas notre choix.

Nous vivons plutôt bien la crise actuelle. Notre santé est bonne. Notre famille et amis sont eux aussi en bonne santé. Donc le principal est là. Nous sommes bien installés. Nous avons le temps. Nous sommes tous européens avec des assurances santé et accès à des soins avec un toit sur la tête. Nous avons conscience de la chance que nous avons en comparaison à beaucoup d’autres personnes dans le monde.

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Nous sommes heureux de retrouver une vie sédentaire après plus de 2 ans et demi sur les routes (cela bouscule nos habitudes mais n’est-ce pas cela que l’on recherche dans le voyage ?). Nous sommes également heureux de retrouver un peu de confort. C’est bête mais avoir de l’eau courante, un toilette, une douche, un frigo et un accès à internet est un bonheur pour nous après avoir vécu un an et demi dans notre « voiture ». Nous prenons pleinement conscience du luxe que cela est. Nous cuisinons beaucoup (trop) et mangeons beaucoup (trop). Nous faisons beaucoup (trop) d’apéros en visio avec les copains restés en France. Au final, nous avons presque plus de vie sociale aujourd’hui que lors de notre voyage où les connections étaient plus rares.

À propos du confinement massif en soi, nous avons été plutôt rassurés que l’Argentine le mette en place très vite en comparaison de l’Europe (il n’y avait même pas 500 cas détectés à l’époque). Aujourd’hui, il doit y avoir un peu moins de 3000 cas (dont ce qui sont aujourd’hui guéris) et entre 100 et 150 décès. Cela permet à l’Argentine ne contenir l’épidémie, d’avoir un peu plus de temps pour préparer son système de santé, mais aussi un peu plus de temps pour éduquer sa population aux gestes barrières.

Alors que l’économie argentine était déjà très mauvaise avant le confinement, le gouvernement a fait le choix de la santé. Nous verrons comment cela évolue, comment le déconfinement aura lieu et quel impact aura-t-il sur l’épidémie. Mais pour l’instant, en comparaison de ce qu’il s’est passé en Europe, on se sent plus en sécurité ici.



 

Corinne au Brésil

Corinne a 25 ans, elle est Française. Elle réside en France mais elle a fait un semestre d’étude au Brésil puis un stage de six mois en Colombie ce qui fait qu’elle n’a pas vu notre beau pays depuis 15 mois. Son instagram, c’est @corinnethibault . Elle est actuellement confinée au Brésil. Voici son témoignage :

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Corinne avec son copain au Brésil

J’ai loué un Airbnb avec mon copain brésilien dans sa ville natale dans l’état de Minas Gerais, il n’y a pas de confinement obligatoire ici mais nous nous l’imposons quand même. Les conditions sont donc plutôt pas mal et nous sommes en bonne santé.

Je devais voyager au Chili, en Argentine et en Uruguay puis revenir au Brésil. Au final je suis restée une semaine au Chili et j’ai pris un avion pour le Brésil pour retrouver mon copain avant que les frontières du Chili ne ferment. De son côté le consulat d’Allemagne lui a refusé sa demande de visa working holiday ce qui fait qu’il ne peut pas aller en Europe puisque ni mariés ni pacsés et n’ayant qu’un visa touristique je ne pourrais pas rester plus que jusqu’à début juin sur le sol brésilien.

Ensuite c’est suspense, j’attends l’annonce de l’ouverture des frontières avec impatience. Ça n’a pas été un choix facile entre les craintes de ma famille et ne pas vouloir être séparée aussi longtemps de mon copain mais j’ai décidé de rester puisque je ne voulais pas prendre le risque de contaminer ma famille en passant par les grandes villes et les aéroports.

Je suis étudiante, je viens de finir un stage en marketing, je finalise donc mon mémoire et je croise les doigts pour décrocher mon premier vrai emploi, à distance bien sûr, dont j’ai eu mon entretien aujourd’hui!

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Corinne au Chili avant de rentrer au Brésil

Tous mes plans ont été bouleversés mais tout va bien je n’ai pas vraiment à me plaindre de ce côté. Je rédige mon mémoire, je fais des formations en ligne afin d’apprendre des choses sur des sujets qui m’intéressent et que je n’avais d’habitude pas le temps, un peu de sport à la maison de temps en temps, je tente de nouvelles recettes, je discute avec mes amis dont je n’ai pas forcément eu l’occasion d’avoir de nouvelles ces derniers mois,… et peut-être que je travaillerais bientôt, qui sait. Côté psychologique parfois la sensation d’être enfermée est un peu gênante et le fait de ne pas pouvoir faire tout ce que je voudrais faire. La gestion de la crise au Brésil m’inquiète un peu par contre. On verra bien dans les semaines qui viennent.

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Dans les magasins les employés ont des masques et il y a des vitres en plexiglas à la caisse, il faut respecter 1m de distance et il y a un peu de queue à l’entrée des supermarchés pour ne pas laisser rentrer tout le monde en même temps. Les magasins qui ne sont pas de 1ère nécessité sont fermés. Pour ma part je trouve que c’est encore trop pris à la légère et que les mesures devraient être plus strictes pour éviter une hécatombe.

Le confinement massif en soi, c’est dur mais c’est une bonne chose!

 

Claudia en République Dominicaine

Claudia a 35 ans, elle est Française, elle est graphiste freelance ainsi que blogueuse voyage sur Evasions Gourmandes. Elle est actuellement confinée à Las Terrenas, en République Dominicaine. Voici son témoignage :

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Clo sur la plage de Punta Poppy à Las Terrenas en République Dominicaine

Si on m’avait dit un jour que je serais confinée sur une île, je n’y aurais jamais cru, et pourtant… L’année 2020 avait pourtant bien commencé ici en République Dominicaine jusqu’à ce qu’arrive le covid-19. Au départ, je n’y croyais pas. C’était juste à une grosse grippe venue de Chine. Puis, le monde s’est arrêté et le gouvernement dominicain a annoncé ses premières mesures de prévention, quelques jours après la France à la mi-mars.

Les mesures ont été vite prises : fermeture des frontières, fermeture des écoles, bars, restaurants, gymnase et tous lieux publics. Quelque chose d’inédit ici où l’on passe presque toute la journée dehors. Ces mesures ont été difficiles à accepter par la population. Les Dominicains sont très croyants et seul Dieu décidera de leur sort.

À ce jour, il y aurait plus de 7000 contaminés officiels mais nous savons tous que ce chiffre est faux car tout le monde n’est pas testé, et les Dominicains ne sont pas du genre à aller à l’hôpital. Malgré un couvre feu instauré de 17h à 6 heures du matin et le port du masque obligatoire, ça reste très compliqué. Les gens n’ont plus de travail et donc pas d’argent et ne peuvent plus se nourrir.

Les habitants se sont déconfinés d’eux-même, maintenant que le port du masque est obligatoire, il se sentent protégés avec sans avoir connaissance de leur bon usage et hygiène. Ils ne le changent pas et ils se touchent le visage avec, l’enlèvent, le remettent… Alors que durant un mois le confinement était respecté, aujourd’hui les rues sont de plus en plus pleines jusqu’à 17h, heure du couvre feu. Au supermarché, peu respectent la distanciation… Ils s’attroupent, comme si de rien n’était.
La semaine dernière à Puerto Plata, il s’est passé un truc de dingue. Un Dominicain, qui se fait appeler Peligribo, a marché avec une croix pour aller « jeter le coronavirus dans la mer », derrière lui des milliers de personnes…
Malgré tout ça, le gouvernement compte réouvrir l’économie le 11 mai, et pour le mois d’août réouvrir restaurants, bars et gymnase…
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Plage Las Terrenas en République Dominicaine

Pour ma part, j’ai la chance d’être confinée dans une toute petite résidence avec piscine, une vue dégagée et à l’écart des rues principales du village. Mais même avec cadre de rêve, ce n’est pas tous les jours facile à gérer. Je passe mes journées à travailler en tant que community manager et graphiste freelance pour compenser la perte de mes clients dans le secteur du tourisme, cela m’occupe bien mais j’ai des moments où je me pose de nombreuses questions.

Le moral est en dent de scie avec parfois même des crises d’angoisse où j’ai l’impression d’avoir tous les symptômes en même temps ! (Rires). Puis d’autres où je suis hyper positive, je fais des choses que je n’avais plus le temps de faire ou que je laissais de côté parce que ce n’était pas important. Une chose est sûre, c’est que ce confinement changera des mentalités. Ce sont les psys qui auront du boulot quand tout ça sera terminé ! Rires!

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Las Terrenas, Punta Poppy, République Dominicaine

 

Lucille à Cuba

Lucille a 25 ans, elle est Française mais elle vivait à Cuba quand la crise est arrivée. Elle était confinée à Santiago de Cuba au Sud de l’île juste avant d’être obligée de rentrer en France. Voici son témoignage :

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Cimetière Santiago de Cuba

J’étais à Cuba jusqu’au vendredi 24 mars ; je suis revenue en France en espérant pouvoir retourner vivre à Cuba bientôt. Avant mon retour donc, j’étais confinée dans la résidence universitaire où j’étais logée depuis le début de ma prise de poste, il y a deux mois, à Santiago de Cuba. Il a été décidé le lundi 21 que tous les étrangers non résidents permanents devaient partir. Cela incluait donc également les couples mixtes mariés en attente de leur visa.

Les conditions du confinement étaient difficiles et de plus en plus strictes. En fait, les conditions ont d’emblée été très injustes entre d’un côté les étrangers et de l’autre les Cubains. On a vite senti les regards très appuyés et dans ses communiqués et ses conférences de presse, l’État a toujours laissé entendre que c’est à cause des étrangers, sans jamais faire la distinction étranger/touriste, que la maladie était arrivée.

Un jour, au restaurant, quand on avait encore le droit d’y manger, des voisins m’ont dénoncée, la police de la migration est arrivée et nous a embarqués, un ami et moi. C’est après ça que j’ai vraiment été confinée dans la résidence universitaire. Nous étions huit, les sept autres étaient des étudiants en échange venus d’Haïti ou de l’Angola. C’était très difficile pour moi car je n’avais pas de cuisine, contrairement aux autres, enfin si mais pas le droit de l’utiliser.

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Repas au restaurant contre nourriture donnée par l’état.

Je devais me faire livrer mon unique repas de la journée par un restaurant situé dans ma rue, mais auquel je n’avais pas le droit d’aller. Le matin, je mangeais des fruits que j’allais acheter une fois par semaine, toujours accompagnée, au marché. Le jour de l’annonce de mon départ, j’apprenais que je n’aurais plus le droit de sortir du tout, ce qui compliquait encore davantage mon accès à la nourriture.

Je suis enseignante de français langue étrangère et comme les universités ont fermé, y compris celle où j’enseignais, je n’ai pas pu finir mon contrat. Impossible d’enseigner à distance à Cuba, personne n’a le wifi. Je suis surtout triste d’avoir dû quitter Cuba à cause de la crise, c’est en cela que j’ai été le plus affectée.

J’ai très bien vécu la crise. Parfois ça a été difficile, j’étais surveillée en permanence, on ne me parlait que pour me faire des reproches parce que je descendais prendre le soleil (au sein de la résidence fermée…) ou me demander si j’allais bien sans me parler vraiment. Mais globalement moi qui suis passionnée de littérature et de philosophie, c’était le bonheur de pouvoir lire autant. Je me levais à 5 ou 6h, je lisais jusqu’à 10, puis je sortais marcher 2h au soleil en écoutant des émissions de philosophie à la radio. Je marchais sur le terrain de sport de la résidence (jamais fréquenté et non ouvert sur l’extérieur évidemment). Puis je revenais dans ma chambre et je lisais et discutais avec des amis par messages vocaux. J’avais l’espoir de pouvoir rester à Cuba pour continuer à être avec mon copain, que pendant un mois je n’ai pu voir qu’à travers la grille de ma résidence, mais les conditions devenaient trop difficiles et incertaines.

A Cuba les gens font comme ils peuvent, ils continuent de travailler donc c’est un demi-confinement massif. La notion de « discipline » y est vraiment très importante. Je pense que c’est ça qui compte le plus : que chacun fasse ce qu’il peut, où que ce soit.




Jennifer à Montréal au Québec

Jennifer est née au Canada, elle habite sur la Rive-Sud de Montréal au Québec et c’est donc dans sa maison chez elle qu’elle est confinée. Elle est blogueuse voyage sur Moi, mes souliers. Je l’ai rencontrée lors d’événements de blogueurs de voyage. Voici son témoignage:

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Jennifer en Bretagne

En ce moment, nous vivons non seulement la distanciation sociale dans le peu de commerces ouverts (épiceries, pharmacies, restaurants en formule pour emporter, etc.), mais nous sommes confinés à la maison. Il est interdit de se retrouver à l’intérieur comme à l’extérieur avec des gens qui n’habitent pas à la même adresse. Nous avons toutefois le droit d’aller marcher, mais les parcs sont fermés, il faut rester à 2 mètres de tous.

Nous ne voyons donc pas nos familles et amis. Certaines personnes travaillent de la maison lorsque c’est possible, et les services essentiels (santé, construction, etc.) continuent d’aller au bureau quand il le faut. Les enfants n’ont pas d’école, mais ça reprendra à la mi-mai.

 J’ai eu la chance de revenir de voyage le 10 mars, donc ce fut facile, car le confinement a commencé ici le 13 mars. Comme on parlait déjà le 12 de se mettre soi-même en quarantaine au retour de voyage, c’est ce que j’ai fait et je n’ai pas quitté la maison, même pas pour l’épicerie, pendant cette période.

J’ai développé un très gros mal de gorge au retour de voyage et j’ai été très malade à partir du 13. Comme j’ai fait de la fièvre, j’étais certaine qu’il s’agissait du COVID alors les autorités m’ont demandé de me faire tester. Ça s’est avéré négatif, mais en raison du confinement je n’ai pas pu aller voir un médecin, car sans test négatif, impossible de le faire, et ça a pris 4 jours avant d’avoir mon rendez-vous pour mon test, puis 6 jours ensuite pour avoir les résultats, donc je n’étais plus malade.

Du côté des annulations, j’ai dû dire au revoir à un voyage de rêve aux Seychelles en avril, puis à un voyage de groupe en Équateur en mai.

100% de mon revenu est lié au tourisme de près ou de loin, j’ai donc perdu tous mes contrats, autant pour moi que pour mon entreprise. Je n’ai donc aucun revenu, mais je suis en santé, mes proches aussi, donc je vis assez bien la crise malgré tout. Je me dis que ça pourrait être pire!

Le gouvernement nous fournit une aide d’appoint de 2000$CAD par mois, ce qui me permet de subsister et les banques nous ont permis de reporter notre paiement hypothécaire pour la maison pendant 6 mois, donc j’arrive à tenir la tête hors de l’eau. En tant que travailleuse autonome, je suis habituée à l’insécurité financière, donc ça va, et j’avais quelques mois de subsistance en économies. Pour le moment, ce n’est pas problématique, mais comme le tourisme sera sans doute le dernier maillon à reprendre, c’est la longévité du tout qui m’inquiète un peu au niveau financier et professionnel.

Je vis assez bien le confinement. Étant souvent sur la route, j’ai vu ce temps à la maison comme un petit cadeau de relaxation. Je lis, j’accomplis des tâches que je n’avais jamais le temps de faire, je m’occupe de la maison, je prends du temps pour moi. C’est donc assez facile pour moi de ce côté et je ne suis pas du genre à avoir besoin de bouger à fond, donc d’aller réaliser quelques marches me convient même si je commence à avoir hâte de changer de paysage. Je garde le moral, quand il fait soleil, je vais m’asseoir dehors pour me faire chauffer le visage, ça fait un grand bien! Je me réjouis des petites choses, même si j’ai hâte de retrouver le contact humain des amis, de la famille, de la société!

Honnêtement, je trouve que le gouvernement du Québec a très bien réagi. Je suis une personne apolitique, mais je suis rassurée par la gestion de la crise. Je pense que notre confinement a été bien fait, reste à voir ce que le déconfinement donnera, mais je pense que ça a été somme toute bien géré quand je me compare à d’autres endroits. Je n’aurais pu faire mieux et je ne connais pas tous les enjeux, donc difficile pour moi d’avoir une opinion très éclairée sur le confinement massif en soi !

 

Jean à Mexico au Mexique

Jean a 69 ans, il est retraité, installé à Mexico depuis 9 ans. Je l’ai rencontré lors de sa fête d’anniversaire chez lui avec un groupe de membres de couchsurfing. Il est actuellement confiné chez lui dans la ville de Mexico dans un immeuble tranquille. Voici son témoignage :

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Jean à Mexico

Je suis retraité donc rien de nouveau pour moi. Cela fait des années que je m’étais construit une petite routine entre vie tranquille à Mexico, quelques fins de semaine en province, des sorties en villes et des sorties ou visites amicales (que je n’avais pas en France soit dit en passant) et l’hébergement de touristes de Couchsurfing.

Je vis dans un appartement moderne très confortable beaucoup mieux qu’en France où je suis très bien. Je viens de le réarranger et la télé qui était dans un coin est maintenant au centre pour voir des DVD de films classiques et Netflix (!) Il y a des petites épiceries pas loin pour les courses et une avenue très large ou je vais me promener le soir. De temps en temps au supermarché. J’avais une femme de ménage 4 heures par semaine mais comme presque tous les étrangers on lui donne congé avec solde.

Je vis la crise actuelle plutôt relax comme toujours d’ailleurs, ma vie est changée mais il faut faire avec… Bien sûr j’avais des projets de voyage en Europe pour ce printemps ou l’automne mais c’est râpé. C »est dommage car je me fais très vieux. Ce qui me manque c’est la vie privée, c’est important pour moi.

Ce qui me désole c’est la légèreté des Mexicains pas vraiment une surprise, qui suivent les dires du gouvernement qui ne veut pas les inquiéter. Ca va être terrible dans quelques (150 000 contaminés) mais le pays est complètement sous équipé et devra sans doute faire appel aux pays riches ou la situation sera devenue meilleure.

Le degré de confinement dépend du niveau social : le plus aisé le plus de confinement et très rapidement c’est la négligence. Il est quasi inexistant à 7/8km du centre même si les commerces sont fermés à 80%… Ces jours-ci, il y a de plus en plus de masques mais pas chez les gens humbles qui ont des petits boulots. Beaucoup de gens en fabriquent pour vendre à la pièce dans leurs petits magasins comme les épiceries toutes ouvertes.



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Un Commentaire

  • Cette crise nous a définitivement tous touchés d’une manière ou d’une autre… Espérons que l’on s’en sorte et qu’on apprenne de nos erreurs 🙂


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