Le Mont Roraima, c’est un tepui : une montagne tabulaire, délimité par des falaises de 1000 mètres de hauteur. Les tepuis sont des montagnes très anciennes, on les considère comme le monde perdu, elles ont d’ailleurs inspiré le roman de Conan Doyle en 1912, ce dernier ayant inspiré d’autres ouvrages et films. Mais le Roraima est le tepui le plus accessible, on peut donc y aller en faisant un trek de quelques jours, expérience unique et inoubliable. Je l’ai fait fin avril 2014, je vous raconte l’aventure et comment s’y prendre.
Organisation du trek du Roraima
Il y a plusieurs façons de faire le trek du Roraima, on peut y passer entre 5 et 8 jours en général. Mais la plupart des gens optent pour l’option de 6 jours, celle que j’ai choisie. De plus, il faut être un groupe minimum de 4 personnes, et comme le tourisme au Venezuela ne marche pas très fort en ce moment pour de nombreuses raisons dont je parlerai dans un autre billet, il faut mieux s’y prendre à l’avance ou avoir le temps. De plus, il y a la question des saisons, la haute saison étant la semaine sainte et juillet-août parait-il quand les touristes européens viennent. Mais pour ma part, lorsque j’étais à Santa Elena de Uairen, fin avril après la semaine sainte, j’ai du attendre 5 jours avant de trouver un groupe pour faire le trek.
Réserver un hôtel à Santa Elena de Uairen
Dans la ville de Santa Elena, il y a plusieurs compagnies qui font le trek à des prix similaires, vous avez l’option tout inclus, c’est-à-dire avec nourriture, porteur, tente et sac de couchage ou bien vous pouvez faire vos courses et amener votre matériel de camping, et tout porter vous-même ou bien payer un porteur au dernier moment. Bref, les options multiples sont à étudier sur place, ou bien vous pouvez booker votre trek depuis la France ou depuis Caracas ou Ciudad Bolivar aussi.
L’ascension du Roraima
Je pars donc avec un groupe de 7 personnes : Lolly une espagnole avec qui j’ai sympathisé la veille et avec qui je partagerai la tente pendant les 5 nuits du trek, un Portugais, un couple de Coréens et un couple Allemand-Taiwanaise.
Jour 1 : nous partons en 4X4 jusqu’à Paratepui, le village d’où on commence le trek. Nous faisons connaissance avec notre guide Frank, originaire du Guyana, le pays à côté qui partage la frontière sur le Roraima avec le Venezuela et le Brésil. Frank parle parfaitement anglais et espagnol, ainsi que la langue indienne locale. Nous rencontrons les porteurs qui vont monter les kilos de nourriture et les tentes. D’ici aussi partent deux autres groupes qui vont monter le Roraima en même temps que nous : un groupe de touristes étrangers comme nous et un groupe de Vénézuéliens venus de Caracas.
Et c’est parti ! Arès le déjeuner, on marche en direction de la fabuleuse montagne. Toute la journée, le soleil tape et nous marchons face aux deux magnifiques tepuis : le Roraima et le Kukenan. C’est assez plat avec des légères montées et descentes mais journée très facile pour se mettre en jambe, de plus la vue est tellement belle qu’elle motive pour arriver. Nous campons près du Rio Tek le premier soir. On y rencontre des trekkeurs sur le retour qui nous racontent à quel point l’expérience est exceptionnelle, malgré la pluie parfois.
Le 2ème jour, c’est un peu plus dur, le chemin est un peu plus escarpé, mais suit les haut des crêtes des collines, superbes paysages avec toujours en face de nous le Roraima majestueux. La traversée du fleuve Kukenan n’est pas une mince à faire, mais comme c’est la saison sèche, le fleuve n’est pas à son plus haut, donc ça va. L’idéal est de traverser le fleuve en chaussettes, ce qui donne aux pieds une bonne accroche sur les rochers glissants.
Nous arrivons au « campamento base » le camp de base qui se trouve juste au pied du Roraima pour un déjeuner tardif. L’après-midi, on discute avec les autres groupes. Il fait très beau et assez chaud, on en profite pour prendre une douche dans la rivière gelée. Franchement je ne me sentais pas vraiment de le faire mais le fait est que ça relaxe vraiment les muscles. Je me suis même lavée les cheveux… Il faut utiliser un savon 100% naturel pour préserver la magnifique nature environnante.
Le 3ème jour, c’est le plus dur, il faut partir très tôt le matin. Il s’agit maintenant de la monter cette montagne ! On peut accéder au sommet grâce à un rampe d’accès naturelle.
C’est assez dur, beaucoup de pierres et de passages très difficiles, le sac pèse bien lourd. Et puis plus on monte, plus il fait froid. Puis arrive le passage « lagrimas » cela veut dire larmes, mais ça dépend de la pluie, or il a plut la nuit précédente et je ressors du passage trempée. On continue et on arrive en haut vers 13h, quelle vue magnifique, un grand sentiment de satisfaction !
Arrivée à l’hôtel en haut du Roraima
Jour 3 : ça y est, nous venons d’arriver en haut du Roraima, nous sommes à environ 2200 mètres d’altitude. Maintenant, nous allons poser nos affaires à l’hôtel ! En vérité les hôtels sont des grottes naturelles creusées dans la roche, c’est là à l’abri qu’on va mettre les tentes et s’installer pour deux nuits afin d’explorer le haut de cette montagne mythique. Les hôtels, bien connus des guides, ont même des noms. Nous dormons à l’hôtel San Francisco. Il est à une heure de marche de notre point d’arrivée en haut du Roraima. Nous déjeunons puis c’est la pause.
Finalement le temps étant très couvert puis complètement dans le brouillard, on ne ressort pas pour aller au point le plus haut comme prévu. On reste donc à l’hôtel, non chauffé, et croyez-moi, il fait plutôt froid là haut à 2000 mètres d’altitude. Notre guide Frank, est absolument fascinant, il nous raconte des histoires de sa vie, des treks au Roraima, c’est sa 269ème ascension, il est un conteur formidable, on l’écoute avec admiration. On se couche tôt pour partir à la découverte du plateau demain.
Visite des plus beaux sites du Roraima
Jour 4 : mon préféré. Aujourd’hui, c’est parti pour la visite du Roraima. On commence à 5h30 du matin avec le lever de soleil, les couleurs et les lumières sont absolument fabuleuses pour les photos le matin, les roches orangées ressortent encore plus. Et nous allons au point de vue au bord de la falaise, j’adore ces endroits en hauteur au dessus du vide, ils me fascinent.
Nous sommes au dessus des nuages. La ballade entre 6h et 9h du matin est la meilleure, c’était dur de se lever, mais ça en vaut vraiment la peine. Partout nous voyons des formations rocheuses étranges, des lacs peu profonds, des plantes, du sable rose sous nos pieds, des cristaux superbes… Et même si la tentation d’en ramener un est grande ; attention il est absolument interdit de les prendre, on peut être fouillés à la descente du Roraima et l’amende est très salée. Et puis pensez aux prochains trekkeurs ou à vous-même qui voudrez les voir à nouveau si vous y retournez.
La visite de la « Ventana », la fenêtre est formidable aussi, je serai bien restée plus longtemps à chaque endroit. Nous avons visité trois sites avant le petit déjeuner. Il est très agréable de visiter le Roraima en haut, car on n’a pas besoin de se trimballer notre sac de 10 kilos, puisqu’on rentre au même hôtel ce soir, alors le trekking léger, c’est toujours plus agréable.
Faune et flore du mont Roraima
En haut, on trouve aussi des plantes et des animaux endémiques qu’on ne trouve nulle part ailleurs sur terre, comme les petites grenouilles noires. On trouve des plantes carnivores. En tout cas, la faune et la flore sont bien différentes d’en bas, cela dû à l’altitude mais aussi à l’isolement de ce lieu.
Les jacuzzis du Roraima
L’après-midi, nous allons aux célèbres jacuzzis. Tout comme les hôtels, ceux-ci ne sont pas chauffés ! Ce sont des piscines naturelles formées dans la roche du Roraima, à l’eau claire et magnifique. Si certains du groupe ne se sont pas mouillés, Lolly et moi, nous avons adoré cette baignade et douche par la même occasion, l’eau est tellement limpide. Elle est un peu froide mais avec le soleil extérieur, ça va. En tout cas, ne loupez pas la baignade dans les jacuzzis si vous allez au Roraima, c’est un de mes meilleurs souvenirs.
Le point culminant du mont Roraima
Puis nous allons au point le plus haut du Roraima, le rocher Maverick à 2810 mètres d’altitude. Là aussi la vue est extraordinaire et se balader parmi ces rochers et ces paysages a presque une dimension mystique. Je ne veux pas repartir, je serais bien restée en haut du Roraima plus longtemps, car la montée est dure et prend du temps, puis à peine arrivés en haut, on n’y passe qu’à peine plus d’une journée qu’il faut déjà redescendre. Quand je retournerai au Roraima, j’opterai pour le trek de 8 jours je pense, d’autant plus que la surface de cette montagne est très grande et incroyablement fascinante. On peut aussi visiter la triple frontière entre le Venezuela, le Guyana et le Brésil, mais c’est assez loin, nous n’y sommes donc pas allés. Notre guide nous avait donné l’option de choisir tout en nous conseillant ce qu’on a fait et qu’on en profiterait beaucoup plus, personne dans le groupe n’a regretté, les sites étaient absolument fabuleux.
La redescente du Roraima
On peut croire que c’est le plus facile, mais la descente est la partie la plus dangereuse probablement. Il faut vraiment faire super attention, surtout s’il a plut, car ça glisse pas mal. La première journée de redescente est celle qui m’a donné les plus grosses courbatures qui ont duré plusieurs jours après. De plus, j’étais assez crevée, et j’avais tendance à me tordre la cheville, j’ai donc décidé de me reposer une demi-heure, même si le guide voulait que je continue, je me connais, je préfère me reposer un peu pour repartir de plus belle et avec un meilleur rythme, plutôt que marcher avec difficulté plus longtemps.
Donc le 5ème jour, on descend du haut du Roraima jusqu’au campement de base où on mange le déjeuner puis il faut aller jusqu’à Rio Tek. Bref, on fait l’équivalent en distance de ce qu’on avait fait en presque deux jours à l’aller, mais ça va plus vite de descendre tout de même. Très grosse journée. C’est l’occasion de sympathiser aussi avec les autres groupes, je marche avec le groupe de Vénézuéliens venus de Caracas et en apprend plus sur les gens de ce pays où je viens de passer six semaines. Nous passons la nuit à Rio Tek, où le ciel dégagé nous permet d’admirer les étoiles.
Le 6ème jour, on finit le trek avec une petite marche tranquille avec le Roraima dans le dos, je ne peux m’empêcher de me retourner pour revoir cette montagne fascinante et encore prendre des photos. Nous arrivons à Paratepui ou notre voiture nous attend à 11h ; on a tout de même le temps de prendre une bière, pour célébrer la fin du trek et le retour, en plus, on n’a rien bu là-haut ! Nous allons déjeuner à San Francisco de Yuruani au restaurant. Puis de retour à santa Elena, on est tous bien contents de prendre une vraie douche chaude. Nous avons lié des amitiés lors de ce trek. J’ai bien sympathisé avec Loly l’espagnole avec qui j’ai partagé la tente et donc plein de discussions de filles au moment de dormir, ainsi que tout le groupe de Caracas, que nous avons souvent croisé en chemin et partagé des moments de trekking. On se retrouve donc tous au bar pour boire des mojitos le soir, puis la nuit se termine en boîte, comme quoi, on n’a pas trop mal aux jambes et le Roraima nous a donné des ailes. Le jour suivant, c’est une autre histoire, du mal à marcher à cause des courbatures pendant plusieurs jours, mais les souvenirs du Roraima sont si extraordinaires que ça en vaut la peine.
Ce trek et les paysages en haut de cette montagne sont tellement uniques et magnifiques, je n’ai jamais vu quelque chose de semblable là-haut. Je recommande ce trek à 200%. C’est mon meilleur souvenir au Venezuela et une des meilleures expériences de voyage que j’ai eues dans ma vie.
Par Emilyz
Voyageuse cinéphile et réalisatrice, Emily parcourt le monde et partage ses voyages à travers des documentaires, des photos et des articles sur son blog.
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Mat
On dirait le paysage du film d’animation ‘Up’ (là-haut en français).
Les chutes de l’ange c’est dans le même coin ?
Emilyz
Oui tout à fait, les chutes de l’ange et le Roraima font tous deux partie du parc national Canaima, qui est immense.
Et oui en effet, pour le film d’Animation « Up », ils se sont inspirés de ces paysages, il faut que je le revois d’ailleurs.
fabrice
Bon, je vois que tu as pris du plaisir quand même au Venezuela 🙂 Par rapport à la discussion qu’on avait eu à l’apéro,;-)
Emilyz
Oui c’est vrai d’ailleurs c’est l’endroit où j’ai pris le plus de plaisir, le Roraima, vraiment une expérience extraordinaire loin des problèmes du reste du pays.
sarah
ah tiens, je savais pas que mettre des chaussettes ça permettait de moins glisser pour traverser les rivières… ça m’aurait pas plû ça comme passage, j’aurais eu la trouille de finir dans la flotte… je pense que je prendrai des batons de marche si je fais le Roraima un jour, ça aide bien dans les chemins escarpés et glissants… bravo d’être arrivée là-haut en tout cas!
Emilyz
Merci. C’est vrai que des batons de marche, ça peut être une bonne idée, certains trekkeurs en avaient d’ailleurs.
Faf'APlouf
Trop la classe les chaussettes roses et la manucure « rouge qui pète » en mode trek !!!
Faf'APlouf
Plus sérieusement, et comme tu le sais déjà, l’un de mes tops de ma « TO DO LIST » …et ce n’est pas ton post qui va l’avoir fait descendre ! 🙂
Magnifique aventure que tu as réalisée …finalement, tu vois que t’aimes ça la rando ! 🙂
Lucky girl en tout cas ..ah et puis j’oubliais : jolies photos !
kevin
je doit aller le faire cette été je vois se qui m attend parc national Canaima je vais faire les grandes cavités pseudokarstiques et le Mont Roraima
Steven
Bonjour .
Pouvez-vous me recommander une agence pour faire l’ascention du Roraima ? Merci .
manon
Bonjour
J’aimerai beaucoup faire ce trek, mais un peu arrêtée par le coût..;
Pourrais-tu me donner une idée du prix? Voir si ça rentre dans mon budget…
Merci!
Vincent
Salut Emily ! je me cherche un projet pour cette hiver et je suis tomber sur ton blog en cherchant des info sur le Roraima! Compte tenu de la situation actuel au Vénézuela sais tu si c est possible de faire ce trek a partir du Guyana ou du Brésil? et une idée des cout? Plutot difficile de trouver de l info la dessu! :p Sinon a tu des idée d autre projet du meme genre? 🙂
Emilyz
Salut Vincent. Non ce n’est pas possible de faire ce trek du Guyana ou du Brésil, le chemin du trek part du Venezuela. Oui en effet, la situation au Venezuela est très mauvaise (voir ceci: https://travelandfilm.com/voyage-au-venezuela-et-securite-retour-experience/) mais justement c’est probablement le seul endroit où il n’y avait pas trop de problème quand j’y étais. Tu dois arriver du Brésil et aller à Santa Helena de Uairen qui se trouve juste à côté de la frontière. Cela dit, il faudra aussi que tu trouves d’autres touristes pour faire le trek, comme je dis dans l’article, j’avais du attendre 5 jours pour trouver assez de monde. Pour le coût, ça m’avait coûté environ 150 euros pour 6 jours en échangeant mes sous au marché noir (plus d’infos ici: https://travelandfilm.com/voyager-au-venezuela-budget-et-conseils-pratiques/ ). Mais avec l’inflation, tout peut changer. Sinon à vrai dire, je ne connais rien du même genre, le Roraima c’est assez unique. Mais tu peux aller au Brésil, des tonnes de parc nationaux et certains qui ressemblent un peu aux tepuis avec leurs plateaux. Et le Brésil, c’est génial, en plus au cas où, tu seras « pas loin » du Roraima si tu trouves des gens pour faire le trek.
Lina
Bonjour, je ne suis pas particulièrement en forme, j’ai 57 ans et nous aimerions mon chum et moi faire l’ascension de roraima. On aurait les porteurs. C’est possible sans trop d’entraînement? Les conditions sont elles très difficiles?
Emilyz
Bonjour, difficile à dire. Mais c’est un trek quand même bien physique, notamment la partie escalade du Mont Roraima lui-même le troisième jour (parfois un peu au milieu d’une cascade suivant les pluies). La descente est bien difficile pour les genoux aussi. Donc je conseillerais de s’entraîner avant si vous n’êtes pas trop en forme.
FLINOIS
Bonjour,
Peux tu me dire comment tu es arrivée à Santa Elena? Avion Bus… En partant de ou?
Merci
Emilyz
Bonjour, je suis arrivée à Santa Elena en bus de nuit depuis Ciudad Bolivar où j’étais arrivée en avion depuis Caracas. On peut aussi arriver à Santa Elena depuis le Brésil (Boa Vista et Manaus), ce qui est beaucoup plus sûr que de traverser le Venezuela aujourd’hui.
Paulo Oliveira
Je vis au Brésil et je n’ai pas visité. Je n’ai jamais fait de recherches, rsrsrs. j’ai aussi aimé les piscines naturelles.
Elodie
Bonjour Emile,
Je souhaite organiser ce treck Ascension du Roraima. Il m’est très difficile de trouver quelqu’un ou une agence vu la situation actuelle.
Aurais-tu les coordonnées de Franck pour que je puisse le contacter ?
Merci!
Cindy
Bonjour,
J’arrive au Venezuela le 21 décembre et j’aimerai beaucoup effectué ce trek, auriez-vous les coordonnées d’un agence ? C’est un peu compliqué en ce moment …
J’y vais avec une personne qui n’a jamais fait de trek, est-ce dangereux pour elle d’effectuer ce trek ? En vous remerciant d’avance
Emilyz
Bonjour, désolée mais les choses changent tellement vite au Venezuela qu’il est très difficile de savoir quelles sont les conditions et je n’ai plus de coordonnées d’une agence désolée. Pour votre amie qui n’a jamais fait de trek, cela me semble un peu compliqué car c’est un trek difficile tout de même, cela dépend de sa condition physique.
Fernando
Quel article intéressant. J’ai adoré les réglages et la façon décontractée et légère que vous écrivez. C’est vraiment bon à lire. M’a même donné envie de connaître cet endroit.